mercredi, juin 14, 2006

Pour la poursuite des fouilles et le respect des règles d'urbanisme

Source : conférence de presse du 7 juin 2006
Auteur : Association San Ghjuvanni


En décembre 2004, la mairie d'Ajaccio accordait sur les parcelles 102 et 103 un permis de construire pour l’édification d’un immeuble de 6 étages. Le Préfet ordonna par arrêté une campagne de fouilles (cette zone étant décrite par différents auteurs tels Mgr de la Foata au XIXe, F. Robinet en 1835, F. C. Marmocchi en 1852, P. Mérimée en 1840, comme étant un important centre épiscopal mentionné par le pape Grégoire Le Grand en 601).
En mars 2005, les archéologues de l'INRAP font des recherches pour une durée de 2 mois. Il en résulte 80 sépultures, poteries et objets divers mis au jour. Les spécialistes ne pensaient plus rien trouver et envisageaient de stopper les recherches. Grâce à la mobilisation du collectif San Ghjuvanni, les fouilles reprirent et mirent au jour un baptistère du IVe (à ce jour 15 ont été retrouvés en France dont 4 en Corse).
Cette découverte exceptionnelle eut un retentissement national et international dans la communauté scientifique. Les archéologues auraient dû poursuivre leurs recherches sur l’ensemble du site car, d' après Geneviève Moracchini-Mazel (chercheur honoraire au CNRS), il y a, à côté des vestiges de la cathédrale primitive S. Maria, les ruines de la basilique S. Eufrasio ainsi que le siège épiscopal. En 1963, elle fit des sondages à l'occasion de la construction d'un immeuble voisin et mis au jour des pierres qui semblaient appartenir à l'angle nord est de la cathédrale romane S. Ghjuvanni (les cathédrales romanes était souvent bâties à proximité ou sur des vestiges plus anciens). Elle ne put aller plus loin car à l’époque le mur mis au jour courrait sous les fondations d' une maisonnette rose qui se trouvait sur la parcelle 102 à quelques mètres seulement de l’emplacement du baptistère paléochrétien. Après cette découverte, il fallait donc poursuivre les investigations sur la totalité des parcelles 102 et 103, et cela jusqu’au substrat. Des sondages ont bien été effectués mais, faute de moyens techniques suffisants, 3 sondages seulement ont atteint le substrat stérile. Depuis, une nouvelle demande de permis de construire a été déposée ce qui a aboutit à un permis modificatif accordé le 19 mars 2006. Les 320 places de parking qui étaient initialement prévues sur l’emplacement du baptistère sont positionnées maintenant sous l' immeuble. A leur place est prévue la construction d'un antiquarium qui est censé protéger et valoriser les vestiges du baptistère.
Les parcelles 102 et 103 sont privées et les constructions sont réalisées par un promoteur privé. Il n' y a actuellement aucune cession, aucun transfert au bénéfice de la mairie d'Ajaccio ou d'une autre collectivité. Nous avons donc créé l'association San Ghjuvanni pour demander la poursuite des fouilles et pour nous opposer à ce permis de construire aberrant. Le promoteur ajaccien honorablement connu fait son métier, de notre côté nous ne sommes pas opposés aux constructions à condition que le site soit fouillé de fond en comble et que les règles d'urbanisme soit respectées... Il serait anormal que l' on accorde un permis de construire en contradiction avec le POS comme cela semble être le cas (ce qui fait l' objet d'un recours auprès du Tribunal de Grande Instance de Bastia). Notre but se limite à la sauvegarde et à la valorisation de notre patrimoine. Nous ne laisserons pas les pelleteuses le détruire.

Association San Ghjuvanni